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La santé mentale au travail

La santé mentale devient un enjeu de plus en plus considéré dans le monde de l’entreprise. L’abondance de réunions, le stress face à des échéances courtes, des effectifs parfois insuffisants, une surcharge de travail… De nombreux éléments peuvent venir impacter la santé mentale des collaborateurs et, par-là, l’ambiance globale de travail, ainsi que la productivité

Eveline Milders, Head of HR chez DKV et Gaétane Gilliot, experte en gestion du stress en entreprise, proposent leurs pistes de solutions pour mettre en place un cadre de travail serein en entreprise.

7 bonnes pratiques pour un climat de travail serein en entreprise

Stimuler l’exercice physique

La santé mentale et la santé physique sont étroitement liées et nous savons que trop de sédentarité au travail favorise l’apparition des symptômes du stress. Comme le dit Gaétane Gilliot : « le stress est un mécanisme du corps qui a besoin de réagir ». Elle souligne l’importance de faire des pauses, de revenir dans le corps et de pratiquer une activité physique pour l’évacuer.

Face à l’abondance des réunions, Eveline Milders invite aussi à adapter la manière de les planifier pour se donner de l’air : « nous travaillons maintenant avec des meetings "étiquettes" de 30 ou 50 min pour permettre des pauses et éviter que les réunions ne s’enchaînent. On a créé le programme « Well at Work » pour faire aussi plus de sport ensemble : yoga, promenades pendant le temps de midi, participation à des séances de sport… ». Pour que ce genre d’initiatives fonctionne sur la durée, n’hésitez pas à mobiliser des collaborateurs plus sportifs pouvant œuvrer comme ambassadeurs pour motiver leurs collègues.

Prévenir le stress

Le stress au travail peut être la source d’un engrenage difficile à maîtriser, d’où la nécessité de travailler avant qu’il ne survienne ou ne prenne une place trop importante. Eveline Milders le confirme : « le stress peut être amplifié par l’absence d’un collègue, ce qui entraîne une surcharge de travail. Un élément peut avoir de nombreux effets en cascade ». Un travail sur la prévention du stress et des autres risques psycho-sociaux est donc indispensable. Mais si une absence doit survenir, inutile de minimiser : mieux vaut anticiper au maximum les impacts sur l’écosystème de l’entreprise et tout faire pour y pallier afin d’éviter les réactions en chaîne. 

Cultiver l’empathie

On le sait, le dialogue est essentiel pour dégoupiller les tensions et rendre la collaboration plus efficace. Mais encore faut-il créer un environnement propice, c’est-à-dire un climat bienveillant, de confiance dans lequel les collaborateurs sentent qu’ils peuvent s’exprimer sans jugement

Eveline Milders insiste : « la relation avec le responsable hiérarchique est capitale. Dans l’idéal, cette relation doit être ouverte, laisser la place au dialogue et permettre de mettre les choses sur la table, surtout en télétravail où c’est plus difficile encore de sentir comment la personne se sent ». 

Gaétane Gilliot invite aussi à travailler le volet collectif pour créer des liens, mais aussi le volet individuel pour comprendre les réalités spécifiques rencontrées par le collaborateur et identifier les causes de son stress. « C’est important que l’employeur puisse sonder comment va l’équipe en ce moment et ce qu’il se passe dans l’entreprise ». 

Créer des liens authentiques

Pour travailler sur le volet collectif et créer ce climat bienveillant, une des étapes est de renforcer les liens entre les collaborateurs et de mettre régulièrement l’accent sur le fait que tout le monde est dans le même bateau. Cela passe évidemment par le partage de bons moments dénués de la pression parfois inhérente au contexte professionnel. Et s’il est possible de cultiver le sentiment de cohésion tout en préservant la santé au travers d’activités physiques, c’est encore mieux ! 

Gaétane Gilliot déconseille l’organisation d’activités bien-être pour esquiver des conflits : « il est essentiel de régler ce type de problème et de donner des outils aux collaborateurs pour gérer les conflits ». Elle ajoute : « il y a des gens qui ne se connaissent pas en entreprise, on parle rarement de choses importantes ». Le challenge consiste donc à donner aux collaborateurs la possibilité de créer du lien authentique. Eveline Milders propose, par exemple, de prévoir un petit "check-in" en prenant acte de l’état d’esprit des personnes autour de la table avant de commencer une réunion. Cela passe aussi par la valorisation du travail entre équipes plutôt que la compétition.

Clarifier les attentes  

Le stress au travail peut aussi découler d’une incompréhension des priorités et des attentes ou d’un manque de vue d’ensemble. Le collaborateur a alors l’impression de travailler sans relâche sans donner pleinement satisfaction à son employeur. La mission du collaborateur doit être claire et circonscrite dès le départ, dans la description de fonction, mais aussi rappelée régulièrement pour que le collaborateur ne dévie et ne s’essouffle pas. Eveline Milders recommande d’intégrer un point à l’agenda de manière régulière pour rappeler les priorités, les objectifs, ce qui est attendu du collaborateur et où sa mission s’arrête. « Certaines personnes adorent endosser plus là où d’autres vont bloquer, d’où l’importance de savoir dire non et d’objectiver la surcharge de travail éventuelle ». 

Célébrer les succès

Dans le monde de l’entreprise où la performance est une notion clé, on passe parfois plus de temps à débriefer un échec qu’à célébrer un succès. Saluer le travail effectué par un collaborateur, prendre le temps d’un email ou même, pourquoi pas, d’un drink ou d’un dîner pour fêter une réussite peut procurer un réel sentiment de reconnaissance. Cette considération clairement formulée pour le travail accompli est un profond levier de motivation pour le collaborateur.

Finalement, l’idéal est de garder une ambiance où le rire est important, avec la possibilité de dédramatiser les échecs pour les considérer davantage comme des apprentissages, tout en célébrant les victoires.

Maintenir la flexibilité

La crise sanitaire a démontré qu’il était possible de faire confiance à ses collaborateurs, qu’ils étaient tout à fait capables de mener à bien leurs missions dans un cadre plus libre. L’enjeu est désormais de maintenir cette flexibilité chèrement acquise pour que le collaborateur se sente bien.

L’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est un autre élément qui impacte la santé mentale. Les employeurs aujourd’hui ne doivent plus craindre de donner le droit à la déconnexion ou de permettre au collaborateur qui le souhaite d’aller chercher ses enfants tôt à l’école et de se remettre au travail plus tard… Si les objectifs sont bien formalisés, les atteindre tout en ménageant sa vie privée sera d’autant plus épanouissant pour le collaborateur

Découvrez l’interview de Gaétane Gilliot en images.